Les patients parlent
L.
"Fin de partie"
Après cinq années passées en psychothérapie, je suis devenu celui qui n’est pas à sa place. Le constat m’est très pénible, il doit l’être sans doute un peu pour la psychologue, pendant le laps qui m’est imparti, 45 minutes ou moins chaque semaine. Sinon il s’agit d’une personne comme une autre avec son téléphone qui sonne régulièrement, ses bâillements répétés. Tout d’abord, je ne conseillerais à personne d’entreprendre ce travail avec un ou une psychologue. Pas assez formé, loin des avancées en neurosciences, finalement assez écoutante mais avec un goût prononcé pour le prolongement du suivi. Heureusement que je me rends à l’hôpital et que je n’assume pas financièrement cette prise en charge. Cinq années et je piétine depuis de longs mois.
Le problème de la psychologie, c’est que nous sommes à la veille de grandes découvertes sur la géographie du cerveau et les méandres de la dépression. L’approche actuelle, faite de paroles, au mieux d’une écoute distante et parfois de médica ments (mais pour cela il faut consulter un médecin, donc double prise en charge, qui alourdit la fluidité des relations) ne sera qu’un mauvais souvenir d’ici quelques années quand la profession aura fait le lien entre psychisme et physique : nous ne sommes pas seulement façonnés par la parole et notre histoire mais aussi par des cellules. Comprendre le fonctionnement du cerveau aura pour conséquence de mieux cerner les malaises, issus autant d’une histoire personnelle comprise comme handicapante mais aussi d’un ensemble de connexions des cellules entre elles. Pour ce qui me concerne, après cinq ans de suivi je ne suis que moyennement satisfait.
Certains symptômes ont été effacés, d’autres sont apparus, certaines fois on se dit qu’il n’aurait pas fallu soulever cette pierre qui cachait d’autres difficultés dont on se passait facilement, ne pas commencer aurait été la bonne solution…
Agnès
"Plus démolie qu'avant"
J’ai vu un psychiatre en 1990 pour dépression. Au cours d’une consultation, je lui ai menti. Il ne m’a ni reprise ni fait de commentaires. J’ai cessé de le voir après cinq ou six séances. Je vis actuellement une séparation très difficile et je suis retournée le voir. À la demande de mes enfants, tous majeurs, il a proposé de nous rencontrer tous les deux en présence des enfants. Il a d’abord reçu mon mari seul, puis tous. Il a alors rapporté ce mensonge devant les autres afin de démontrer que je peux mentir. Je suis sortie de cette rencontre beaucoup plus démolie qu’avant. Un psychiatre a-t-il le droit d’agir de la sorte ?