Les politiques de gestion de crise sont-elles adaptées ?

Depuis le début des années 2000, les gouvernements ont mis en place des dispositifs pour gérer les crises, mais ceux-ci peinent à faire leurs preuves.

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La crise liée à la covid-19 révèle un paradoxe saisissant. La France se prépare à faire face à une pandémie de ce type depuis 2004, date du premier plan pandémie grippale. Pourtant, malgré un imposant arsenal, le pays semble avoir été pris au dépourvu début 2020. Pourquoi ces dispositifs ne permettent-ils pas d’anticiper la survenue de la crise ?

La politique de gestion de crise actuelle trouve ses fondements dans la loi de modernisation de la sécurité civile de 2004, ainsi que la circulaire du 2 janvier 2012 sur l’organisation gouvernementale des crises majeures. La protection civile demeure, à l’échelon local autour des plans Orsec (Organisation de la réponse de la sécurité civile), la cheville ouvrière de la gestion des situations d’urgence. Parallèlement, la dimension intersectorielle des crises a justifié la création au niveau national d’une Cellule interministérielle de crise (Cic), située au ministère de l’Intérieur mais sous l’autorité du Premier ministre.

Un empilement de règles et de procédures…

Depuis 2004, on assiste à une explosion de règles et de procédures, d’instruments et de dispositifs de coordination au sein de l’État, pour se prémunir contre les effets déstabilisateurs des crises. Pourtant, lorsqu’un événement grave survient, qu’il s’agisse d’un ouragan (ex. Irma en 2017), d’un accident industriel comme à l’usine Lubrizol en 2019 (encadré ci-dessous) ou d’une pandémie comme la covid-19 en 2020, le dispositif mis en place s’écarte de ce qui avait été prévu. Les plans ne sont pas toujours appliqués, des cellules ne sont pas activées alors que de nouvelles structures sont créées ex nihilo. Les acteurs justifient ces écarts soit par l’urgence, soit en raison de la nature particulière de l’événement, soit encore par le souci de ne pas se lier les mains en appliquant les procédures de manière trop rigide.