Les préjugés raciaux à l'ère des avatars

Les solutions contre la discrimination raciale se trouvent-elles dans la technologie futuriste ? Voire dans la fiction ? Voire les deux… ? Dans son film Avatar, James Cameron met en scène un programme militaire d'un genre nouveau : des êtres humains sont envoyés sur la planète Pandora, non pas en chair et en os mais via un avatar créé pour l'occasion. Les missionnaires incarnent ainsi l'aspect physique de Na'vis, une espèce indigène humanoïde considérée comme primitive et hostile par les Terriens. L'objectif est d'entrer en contact avec eux pour obtenir la permission d'extraire un minerai rare situé sous l'arbre où ils vivent, et capable de sauver la Terre. Bref, pour maximiser ses relations à l'autre, est tentée l'expérience de devenir l'autre. Une aventure psychologique en somme, située en 2 154. Le futur, vraiment ?
Pas à l'Université de Stanford en tout cas. En 2009 (l'année de sortie du film !) Victoria Groom (professeure de psychologie à l'Université de Stanford) et ses collaborateurs ont mené une étude (1) dans laquelle les participants évoluaient sous forme d'avatar dans un monde virtuel. Le but de l'opération : permettre à des individus blancs d'incarner un avatar noir, et observer ensuite les effets d'une telle incarnation sur les préjugés raciaux. Mais alors que le cinéma fait du programme Avatar la source d'une tolérance nouvelle (le héros décide de rester un Na'vi), la science est nettement moins optimiste : selon les auteurs, des sujets blancs qui incarnent un avatar noir expriment par la suite davantage de préjugés envers les Noirs ! Comme une confirmation qu'Hollywood n'est qu'une usine à rêves…