Les psys jugés d'après leur bureau

Un psy est jugé dès que son patient franchit le seuil de son bureau pour la première fois. Un coup d’œil pour inspecter les lieux, et l’opinion est faite. Rien ne dit que l’impression soit définitive, ni si déterminante que cela pour la bonne marche de la thérapie, mais c’est ainsi.
Jack Nasar, de l’Ohio State University, et Ann Sloan Devlin, du Connecticut College, viennent de le vérifier en présentant à 242 étudiants une trentaine de photos de bureaux de psychothérapeutes, prises par le même photographe depuis la place réservée au patient. Les sujets devaient indiquer s’ils se feraient volontiers prendre en charge par le propriétaire des lieux. 60 % des sujets interrogés avaient déjà vu un psy. Mais qu’ils aient déjà été soignés ou non, et qu’ils appartiennent à une grande ou une petite ville, les résultats sont les mêmes : oubliez le dépouillement confinant au vide mortuaire, l’exotique bibeloterie ou le savant désordre du psy intellectuel dévorant quinze ouvrages à la fois, car ce qui suscite le meilleur a priori, c’est plutôt l’ordre, la propreté, et une personnalisation savamment dosée à base de plantes, de coussins sur les chaises, de lampes de bureau…. Quelques touches personnelles comme des photos de famille ou des diplômes sont les bienvenues. Dans ce cas, les thérapeutes sont estimés d’emblée plus conviviaux et qualifiés que les autres. Le plus rédhibitoire ? L’exiguïté, le manque de confort, l’hygiène douteuse. Tout cela peut sembler tomber sous le sens… Pas pour certains psys, dirait-on : les photographies n’étaient pas des mises en scène, mais montraient des bureaux authentiques, parfois peu ragoûtants.