Nous lisons la crise des réfugiés syriens à travers les parcours périlleux des familles en fuite, traversant difficilement les frontières européennes, ou hébergées dans des camps de transit grecs ou italiens. C’est oublier que la plus grande partie des réfugiés est restée au Moyen-Orient. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, la crise migratoire syrienne, qui a débuté avec l’intensification du conflit en 2012, a entraîné le départ forcé de plus de 5 millions de réfugiés et près de 6,5 millions de déplacés internes. La majeure partie des réfugiés se sont installés dans les pays frontaliers de la Syrie, pour l’essentiel en Turquie (3 millions) au Liban (1 million) et en Jordanie (près de 700 000). Si ces chiffres sont très élevés en valeur absolue, ils le sont encore plus en valeur relative. Les réfugiés représentent aujourd’hui près d’un quart de la population totale au Liban et 9 % pour la Jordanie. À titre de comparaison, pour l’Allemagne qui accueilli le plus grand nombre de réfugiés en Europe, leur nombre ne représente que 0,7 % de la population totale.
Du camp à la ville ?
L’arrivée des réfugiés n’est pas une nouveauté dans la région. Depuis la Première Guerre mondiale et le génocide arménien de 1915, les conflits au Moyen-Orient ont entraîné l’exil forcé de plusieurs millions d’Arméniens, Palestiniens, Irakiens, Libanais ou plus récemment Syriens et Yéménites. Les camps de réfugiés se sont multipliés au Moyen-Orient, même si seule une petite minorité de réfugiés – environ 20 % – y habite. Les premiers camps ont été créés au Liban pour accueillir les Arméniens fuyant le génocide de 1915. Aujourd’hui, certains de ces camps, autour de la ville de Tyr par exemple, sont toujours habités mais les Arméniens ont été remplacés par des réfugiés palestiniens contraints de fuir Israël en 1948.