Ce livre veut répondre strictement au libellé du sujet d'histoire médiévale du Capes et de l'agrégation d'histoire, et son ambition est de faire le point sur cette question très vaste et assez peu traitée dans la recherche universitaire française. Les auteurs privilégient donc la perspective musulmane dans les relations qui se sont nouées pendant trois siècles entre le Dâr al-Islâm et les pays latins. Ils défendent trois idées majeures que l'on peut résumer ainsi :
- Le monde musulman connaît au cours de cette période une évolution relativement homogène, que ce soit dans al-Andalus, au Maghreb, en Sicile ou dans l'Orient abbasside. L'évolution des rapports avec la chrétienté latine est davantage déterminée par des faits internes que par la pression exercée par les pays latins.
- De façon générale, il est possible de cerner trois grandes périodes dans les relations militaires : d'abord, une écrasante supériorité des puissances musulmanes (xe siècle), puis, au xie et au début du xiie siècle, un renversement de tendance avec une offensive victorieuse de la chrétienté, qui sera consacrée par la prise de Jérusalem (1099). Enfin, une réaction musulmane qui restaure sa puissance.
- Les rapports ne furent pas seulement d'ordres militaire et diplomatique, mais s'exercèrent aussi dans les domaines commerciaux, artistiques, linguistiques et religieux, et l'on aborde là sans doute l'aspect le plus difficile de la question, tant les sources sont dispersées et nombreuses.
Les auteurs ont opté délibérément pour un plan chronologique, voulant cerner au plus près les évolutions. Pour les candidats aux concours, c'est sans doute le bon choix, car l'approche thématique risque de rendre moins apparentes les phases successives des relations. Le lecteur simplement curieux, en revanche, reste un peu sur sa faim. Par exemple, on eût aimé que fussent davantage développées les quelques lignes du paragraphe intitulé « l'image de l'autre », qui défend l'idée que, malgré les échanges et les relations, la connaissance réciproque des musulmans et des chrétiens reste très limitée et fondée souvent encore sur des représentations ou des rumeurs.