Les sauts dans le temps des autistes japonais

C’est dans la préfecture d’Ishikawa, située sur la plus grande île du Japon, Honshû, que deux jeunes hommes autistes auraient vécu des « glissements temporels ». Ceux-ci ont été diagnostiqués par S. Tochimoto, K. Kurata et T. Munesue, auteurs d’un récent article de recherche sur de tels cas. De quoi s’agit-il ? Les deux garçons autistes dont il est fait mention dans l’étude ont en quelque sorte « revécu » des souvenirs d’un événement passé spécifique. Dans les deux cas, ces remémorations très vivantes d’évènements parfois fort peu plaisants ont donné lieu à des réactions violentes.
Pour le premier patient, l’évènement « revécu » était traumatisant en soi : le jeune homme en question avait 16 ans lorsqu’il a été reçu dans une unité de l’hôpital de Kahuko où travaille l’un des trois auteurs de l’étude. L’adolescent n’accusait pas de retard de langage mais restait solitaire, et n’entretenait aucune relation amicale avec autrui depuis l’enfance. Maltraité par un autre élève au collège, il a ensuite refusé de retourner à l’école et s’est isolé chez lui. Quelques années plus tard, il s’est remémoré l’incident et a expérimenté à nouveau les mêmes sentiments de peur et de frustration que ceux vécus alors. Même s’il ne souhaitait pas s’en rappeler, le même souvenir « vivant » s’est manifesté à nouveau, plusieurs fois de suite. Le jeune homme a alors pensé que la détresse causée par le fait de revivre son souvenir cesserait s’il se vengeait de l’adolescent qui l’avait brutalisé. Il s’est donc rendu au domicile de ce dernier armé d’un couteau. C’est alors qu’il a été admis au service d’urgences de l’hôpital de Kahuko.