A chaque élection, c'est le même constat qui s'impose à tous les commentateurs, journalistes et hommes politiques : l'abstention n'a jamais été aussi forte depuis... On ne sait plus très bien depuis quand tant le phénomène s'est banalisé et fait désormais partie de notre paysage politique. Lors du premier tour des élections présidentielles, en mai dernier, l'abstention avait été de 29 %. Certains analystes, comme Pascal Perrineau, y avaient vu le signe d'une « protestation contre l'offre politique ». Si les Français n'avaient pas été aux urnes, c'est parce qu'ils n'avaient plus confiance dans la capacité de leurs gouvernants à les représenter. L'abstention, selon cette interprétation, n'était donc qu'un des symptômes d'une crise plus vaste touchant à l'idée même de représentation. C'est une conviction semblable qui anime les auteurs de cet article. Ouvrant un dossier consacré aux hommes politiques, Evelyne Pisier et Pierre-Henri Tavoillot proposent une sorte de radioscopie de cette crise de la représentation.
Marc Olano