Les TOC

Obsessions et rituels pathologiques comme devoir se laver les mains une vingtaine de fois par jour, les TOC peuvent gâcher une vie.

Françoise
J’avais la hantise des microbes, des morceaux de verre, des épingles

À 25 ans, je me suis mariée et trois ans plus tard, après bien des difficultés, j’attendais un enfant. Je pensais trouver des jours meilleurs mais mon passé allait me rattraper à la naissance de ma fille.

À la faveur de la fameuse dépression post-natale, sont apparus les premiers signes, plutôt bizarres, de la maladie, qu’on appellera 25 ans après, la maladie des TOC (troubles obsessionnels et compulsifs). Elle était en relation avec la sécurité de mon enfant. Il fallait toujours que je sois très propre pour pouvoir la prendre dans mes bras, et dès qu’elle pleurait, je m’empressais de me laver les mains pour pouvoir la consoler. J’avais la hantise des microbes, des morceaux de verre, des épingles. Un verre cassé dans la maison nécessitait des heures de vérification et entraînait des jours d’angoisse. J’éprouvais une grande difficulté à préparer les biberons, de peur que du verre ne soit tombé dedans. Évidemment, je n’osais pas en parler, craignant de passer pour folle. À l’extérieur, quand ça n’allait vraiment pas bien, je parlais de dépression.

Par chance, un ami de mon mari, dont la femme présentait les mêmes symptômes que moi, nous conseilla de consulter un psychiatre. Il me prescrivit des anxiolytiques et une psychothérapie de type analytique. Cela aida un peu à calmer mes angoisses et à leur donner du sens par rapport à mon passé. Mais la vie restait une véritable course contre la montre, du fait des longues vérifications.

Je me sentais jugée, dévalorisée. Je faisais du mieux possible pour ne pas perturber la vie familiale. Je me sentais comme une écorchée vive, tellement coupable de ne pas être une mère aussi gaie et dynamique que les autres. J’avais une image complètement négative de moi-même et je n’arrivais même pas à exprimer mes besoins. En dépit de ce climat, nous avons néanmoins désiré un autre enfant. La grossesse ne fit qu’augmenter mes angoisses et durant les derniers mois, je n’arrivais plus à m’alimenter suffisamment, de peur d’empoisonner mon enfant avec un aliment avarié.