Les troubles borderline : le débat

Côté associations
« Pour une meilleure reconnaissance »

Le trouble borderline touche selon l’OMS environ 2 % de la population mondiale. Si l’on compare avec le diabète, qui représente 3 %, on se fait assez vite une idée de la fréquence de ce trouble. Pourtant, du moins dans les pays francophones, il passe bien souvent inaperçu, y compris des psys, et ceux qui en souffrent se heurtent la plupart du temps à une fin de non-recevoir quand ils osent passer la porte d’un cabinet.

Rares sont les associations de patients borderline en France. Il n’en existe qu’une, l’AAPEL, qui a le mérite d’exister mais dont les membres sont difficiles à approcher ! Il existe aussi une foule de blogs riches en témoignages mais tout porte à croire, là encore, qu’être borderline, c’est vivre sa souffrance seul : les réponses aux sollicitations se font attendre et l’on entrouvre à peine la porte de ses maux, comme si l’on partait du principe qu’une fois de plus, on sera incompris. Le président de l’AAPEL, Alain Tortosa, l’explique assez clairement : « Les patients qui souffrent du trouble borderline s’entendent très fréquemment dire, lorsqu’ils décrivent leurs symptômes, qu’ils sont en fait ‘‘comme tout le monde’’. C’est insupportable à entendre, surtout de la part de professionnels de la santé psychique et mentale ! C’est comme si l’on vous disait que votre souffrance n’existe pas, alors qu’elle est bien réelle et vraiment profonde. Notre enfer, c’est les autres : nous avons besoin de la relation à l’autre mais comme elle est difficile, nous choisissons la solitude et elle mène à la dépression. Être borderline, c’est soit mettre fin à ses jours au bout d’années de souffrance, soit vivre avec, tant bien que mal… Et plutôt très mal. Nous sommes ‘‘limite’’, ça s’assimile à quelque chose de pas très clair, donc nous ne sommes pas reconnus. Les psychiatres s’attaquent aux symptômes, traitent notre souffrance à coups d’antidépresseurs et d’anxiolytiques et ça ne résout rien. Le premier pas pour que nous allions mieux serait sans doute de prendre en considération nos plaintes, de les reconnaître. Et puis nous sommes dans une telle quête d’affection que, souvent, nous disons au psy ce qu’il a envie d’entendre, pas la vérité vraie. Les scarifications et autres blessures physiques que nous nous infligeons pour soulager notre affect peuvent très bien se dissimuler et, devant un psy comme avec notre entourage, nous présentons une apparence de ‘‘normalité’’.