Les troubles du comportement alimentaire

Après l’autisme dans le numéro précédent, le Cercle Psy poursuit la publication 
de témoignages de patients, des familles et des associations concernés par 
des troubles mentaux, afin d’encourager le dialogue avec les professionnels 
du champ psy. Ce trimestre, nous faisons place à l’anorexie et la boulimie.


Vous pouvez vous aussi témoigner sur notre site (www.le-cercle-psy.fr), anonymement et sans censure. Tous les témoignages restent consultables 
en ligne. Certains seront repris dans cette rubrique, ou dans un hors-série 
à paraître cet automne. Merci pour votre confiance.

Vous pouvez toujours témoigner sur notre site.

Anaïs
Perdue

Mon mal-être a commencé à s’exprimer au lycée avec une non-intégration au sein de ma classe, un isolement familial complet et de très mauvais résultats. Je passais mon temps à pleurer et on m’a envoyé voir l’assistante sociale pour que je puisse parler un peu. Elle a convoqué ma mère et elles ont décidé de me faire suivre par une psychologue dans un CMPP. Cette première psy est gentille, on parle de plein de choses, mais sans s’arrêter sur les points douloureux, et donc le mal-être grandit au fil des jours.

L’année de la première aura fait basculer ma vie dans l’enfer : anorexie, boulimie, mutilations… Je voyais toujours la psy mais ne parlais pas vraiment de tout ça. Puis, elle a été mutée, et donc, fin de ce suivi.

Ma généraliste de l’époque, en me voyant chuter de jour en jour, m’adressa à un nutritionniste dans un CHU pas très loin de chez moi, qui m’adressa à la psychologue du service. Là, le contact avec cette femme n’est pas du tout passé : je me sentais jugée à chaque fois que j’ouvrais la bouche. Après ma première hospitalisation, j’ai mis fin à ce suivi.

J’ai repris aussitôt des consultations en psychiatrie dans le même CHU. Je n’aime pas le psychiatre car il est rarement là, et de nombreux rendez-vous ont été annulés car il ne pouvait me recevoir. Puis, avec lui j’avais l’impression de n’être qu’un poids, donc ça m’a encore plus fait complexer. Enfin, il aura tout de même fait quelque chose de bien pour moi : il m’a proposé de me faire suivre par la psychologue du service. Cette femme est formidable. J’arrive à m’ouvrir assez vite et très rapidement. Je lui confie tout le fond du problème. Elle m’écoute, ne me juge pas, me conseille. Mais je n’osais pas lui dire que je n’y arrivais pas avec le psychiatre. Malgré nos efforts conjoints, j’ai été obligée de retourner à l’hôpital car ma vie était en danger, et c’est grâce à elle et à ma généraliste que je suis restée à l’hôpital et que j’ai accepté les soins.

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À la sortie de ma deuxième hospitalisation, je lui avoue ma réticence avec le psychiatre, et donc elle me guida vers une autre psychiatre du service avec qui le contact passa bien. À trois, on a pu m’aider à reconstruire mes fondations pour que je me relève.

Puis, j’ai déménagé et impossible de continuer mon suivi ! J’ai donc changé de psychiatre et de psychologue (eh oui, encore une fois !). Ça fait un an que je suis suivie avec elles et je n’avance plus. Quand je ne stagne pas, je régresse… Du coup, j’ai l’impression que mon suivi ne me sert à rien, mais je m’y accroche car j’ai trop peur de tomber encore plus bas…

En tout cas, je garde encore espoir que demain sera meilleur et ça me tient la tête hors de l’eau.


Pauline
Je remercie mon psy pour tout

Tout a commencé très tôt, très petite. À 9 ans, j’étais déjà trimballée chez les psys. Tant que ma mère ne décidait pas qu’ils ne servaient à rien. Je souffrais alors de fortes crises d’angoisses et de sous-poids.

C’est seulement vers mes 18 ans que j’ai commencé à avoir un suivi régulier et volontaire. Au CPMS (centre psycho-médico-social, NDLR), puis chez une pédopsychiatre. J’ai été hospitalisée plusieurs fois. Je suis tombée dans différents troubles au fur et à mesure du temps, où je me sentais de plus en plus mal. Dépression, mutilations, agoraphobie, anorexie, boulimie, tentative de suicide… On me met alors sous traitement à l’hôpital.

Des psys, j’en ai déjà vu plusieurs, j’ai changé, j’ai voulu retourner chez les anciens, puis j’ai de nouveau changé. À chaque hospitalisation, je changeais de psychologue/psychiatre. Mais désormais, cela va maintenant faire trois ans que je suis suivie par le même psychologue-psychanalyste. Je crois que je suis tombée sur la perle rare, en tout cas, sur le psy qui me convenait. Il m’aide énormément, et je progresse, doucement mais sûrement. Même si, sur un coup de tête, j’ai déjà dit que je n’irais plus le voir, que j’en avais marre, je sais très bien au fond de moi que c’est une personne qui est importante dans ma vie. Il ne bosse pas que pour l’argent, il ne calcule pas vraiment le temps où l’on se voit, pas de réponses vagues… Non, tout le contraire. Et c’est dans un centre de santé mentale que je le consulte. Je sais que c’est un très bon psychologue, qui veut que je m’en sorte. Et qui m’aidera à avancer dans la vie, en respectant mon propre rythme en même temps. Il est cher à mes yeux, et pour plus rien au monde, je ne changerais une fois de plus de psychologue. Je le remercie pour tout.