Mai 68 en héritage

Pas facile d’être un enfant de soixante-huitard ! Une thèse de sociologie dévoile les tiraillements de cette génération, partagée entre anticonformisme des parents et conventions sociales.

Sans les événements de Mai 68 auxquels sa mère a participé, Julie Pagis aurait dû grandir en ville dans une famille bourgeoise. Mais ses parents, jusqu’alors ingénieurs agronomes, ont choisi dans les années 1970 d’élever des chèvres dans une ferme provençale. Une vie difficile à assumer pour leurs enfants, raillés par leurs camarades de classe : « Ils nous répétaient régulièrement que l’on “puait la chèvre”, que l’on était “sales” », se souvient la chercheuse. En réaction à cette exclusion, elle s’investit à fond dans les études par désir de revanche sociale. C’est tout naturellement qu’elle décide de consacrer sa thèse de sociologie aux « incidences biographiques » de Mai 68 : ses propres interrogations l’amènent à poser la question du devenir des enfants de soixante-huitards, rarement abordée…