Manger moins bon pour vivre plus ?

En France, parmi les attributs spontanément associés à la nourriture, le plaisir vient juste derrière le besoin, et c’est donc la première bonne raison d’apprécier un aliment. À cet égard, l’enquête menée par le Crédoc auprès de consommateurs français en juillet 2007 n’est pas une révolution. C’est presque un lieu commun de souligner le contraste existant entre les Français et les habitants de pays voisins comme le Royaume-Uni. Si en France, le goût est le premier jugement porté sur les aliments (36 %), ce n’est pas le cas en Angleterre, où ils sont appréciés d’abord pour leurs qualités nutritionnelles.
Mais les choses évoluent : la santé talonne désormais le plaisir. En effet, le souci de manger sain est classé premier par 22 % des sondés, en progression rapide par rapport au passé. 15 % des gens se font de gros soucis face aux risques alimentaires réels ou supposés : OGM, acides gras saturés. Les crises alimentaires (vache folle, grippe aviaire) et les messages du Programme national de santé ont influé sur l’opinion : pour les trois quarts des Français, la santé est désormais considérée comme une condition de la qualité d’un produit. Mais pour près d’une personne sur quatre, se nourrir à bas prix reste le souci premier… Bientôt, peut-être, on mangera moins bon, mais plus longtemps.

 

Pascale Hébel, « Se nourrir d’abord, se faire du bien ensuite », Consommation et modes de vie, n° 209, février 2008