Le campus, la fanfare universitaire, les stades bondés…, Marching Band reprend à son compte les figures imposées du cinéma américain pour adolescents, mais substitue aux caricatures usées la fraîcheur du réel. Dans une Amérique en pleine campagne électorale, Claude Miller promène sa caméra parmi les membres des fanfares de deux universités de Virginie. On découvre une jeunesse passionnée par l’enjeu de la possible élection de Barack Obama. Conscients de vivre un moment historique, les étudiants de Marching Band sont à mille lieues des postadolescents superficiels obsédés par leurs pulsions sexuelles des comédies à la American Pie. Extrêmement critiques envers le bilan de l’administration Bush, inquiets de leur avenir et de leur image à l’étranger, passionnés par leurs instruments de musique, d’une discipline et d’un engagement exemplaires envers leur fanfare, ils font voler en éclats les clichés cinématographiques et les idées reçues quant à l’Américain moyen. État du Sud profondément marqué par son passé esclavagiste, plombé par un chômage élevé, le choix de la Virginie s’avère déterminant. Ces jeunes, superbement filmés, sont en grande partie noirs, issus d’un milieu modeste. Certains n’ont jamais voté. En les suivant jusqu’au résultat, le film prend toute la mesure de l’importance symbolique du scrutin. À l’effervescence des stades vient s’ajouter l’électricité d’une élection pas comme les autres. Marching Band donne à voir une renaissance. Celle d’une Amérique qui se reprend à rêver.
Marc Olano