MÉMOIRE ET EXPÉRIENCES OLFACTIVES Anthropologie d'un savoir-faire sensoriel

Joël Candau, Puf, 2000, 161 p., 134 F.

L'odorat, organe ingrat ? L'hégémonie de la vision en fait certainement un sens négligé, par l'anthropologie comme par tout un chacun, mais cette enquête tend à prouver que l'odorat n'est pas aussi discrédité qu'on le dit. Joël Candau ne s'attaque pas à une histoire de la sensibilité olfactive ni à une ethnologie de l'odorat, mais à une anthropologie des savoirs et des savoir-faire olfactifs dans certains milieux professionnels : parfumeur, oenologue, cuisinier, sommelier, pompier, infirmière, médecin... Au-delà même de ceux qui ont acquis une « expertise olfactive », il montre que les compétences olfactives sont largement partagées. Car l'odorat peut être l'objet d'un apprentissage explicite ou implicite, et la subjectivité radicale de l'expérience olfactive n'empêche pas le partage (des sensations et des perceptions, des savoir-faire, d'un langage des odeurs).

Pour l'auteur, le monde contemporain reste peuplé d'odeurs, et pas seulement de « bonnes odeurs » (parfums et arômes). Faut-il encore se montrer assez sagace (« doué d'un odorat subtil », selon l'étymologie).