Michel Foucault n’a jamais évoqué les gender studies : de son vivant, elles émergent à peine et sont encore confinées outre-Atlantique. Le philosophe reste cependant une influence majeure pour les universitaires qui se sont emparés du « genre » ces dernières années : la philosophe Judith Butler, l’historienne Joan W. Scott, le sociologue Michael Kimmel… Tous s’inspirent des travaux de Foucault sur l’individualisme, l’exclusion ou encore la sexualité, voyant là des pistes prometteuses que lui-même n’aura pas explorées jusqu’au bout.
Dans les années 1970 en effet, Foucault s’intéresse aux débats sur le féminisme, le mariage homosexuel ou encore les mécanismes d’assignation sociale. Il s’engage aux côtés de mouvements militants pour une réforme des droits civiques – terreau politique des gender studies à moyen terme –, voyant là une opportunité d’ouvrir le champ des possibles. « Nous devrions considérer la bataille pour les droits des gays comme un épisode qui ne saurait représenter l’étape finale », détaille-t-il dans une interview 1 : « Nous vivons dans un monde légal, social, institutionnel où les seules relations possibles sont extrêmement peu nombreuses, extrêmement schématisées, extrêmement pauvres. Il y a évidemment la relation de mariage et les relations de famille, mais combien d’autres relations devraient pouvoir exister ? »