Mon patient est un meurtrier

Les psychothérapeutes ne connaissent pas la routine. Il suffit d'un rien pour qu'une séance soit inoubliable. Au hasard, imaginez qu'un de vos patients vous avoue qu'il a déjà agressé un thérapeute, en toute impunité... Une situation extrême ? Improbable ? Détrompez-vous : d'après une enquête portant sur 162 praticiens américains, 13 % d'entre eux ont déjà eu affaire à un patient leur confessant un homicide (et parfois, plusieurs…). Un tiers d'entre eux ont eu un patient leur faisant part d'au moins une agression sexuelle, et deux tiers ont expliqué qu'un patient leur a avoué l'agression... d'un thérapeute. Et il n'est question ici que des criminels et délinquants qui n'ont jamais eu à répondre de leurs actes.
On imagine l'embarras des thérapeutes : que faire en pareil cas, que l'on estime le patient capable de récidiver ou non ? Dans cette étude, deux sur trois estiment leur formation insuffisante pour faire face à de telles circonstances. Pour autant, plus d’un psy sur deux assure que l’information n’a pas affecté le cours normal de la thérapie. Pour un sur cinq, ce fut préjudiciable aux séances. Pour un sur cinq là encore, ce fut au contraire bénéfique. D'où l'intérêt, dans de telles extrémités, de pouvoir se confier à des pairs en supervision ou à un comité d'éthique...
Walfish, S., Barnett, J., Marlyere, K., and Zielke, R. (2010). “Doc, There's Something I Have To Tell You”: Patient Disclosure to Their Psychotherapist of Unprosecuted Murder and Other Violence. Ethics and Behavior, 20 (5), 311-323 DOI: 10.1080/10508422.2010.491743