MOUVEMENTS

De la planète bidonville aux formes de démocratie participative urbaine, ce dossier balaie un large horizon. Il balaie aussi les idées reçues sur la ville lumière ou gorgone, pour montrer comment ces clichés servent d'arguments ultimes aux « pubards » pour inciter à consommer.

Transformées en produits concurrents, la ville et la campagne seraient devenues, à l'instar des villages Potemkine, des décors cache-misère, des icônes sans authenticité. Villages et villes seraient voués à se fondre dans une même « banlieue totale ». Cette immense « suburbia », sans centre mais avec moult clôtures derrière lesquelles chacun cultive l'entre-soi, se vend bien sous forme de pavillons ou d'immeubles sécuritaires. Cette « sous-ville » permet par ailleurs de vendre toujours plus d'exutoires marchands à la médiocrité du quotidien proposé. La critique d'une société consumériste à outrance, qui cultive des rapports inégalitaires, est la toile de fond de ce panorama. La force de la démonstration réside dans les exemples inattendus qui étayent l'analyse. La vision d'une « ville corps » opposée au capitalisme dématérialisé sort d'une étude du thriller politique de l'écrivain Don DeLillo, Cosmopolis. La mégalomanie artistique des villes qui résulte de leur compétition féroce pour exister aux yeux du monde prend comme illustration l'engouement des municipalités des cinq continents pour les biennales. Et que dire de cet avertissement à l'encontre des « villes créatives » qui menacent de se transformer en parcs à thème de l'excellence et de produire de nouvelles ségrégations basées sur la créativité ?

Si ce dossier prend de la hauteur et des risques, il reste néanmoins proche du terrain. Un conseiller municipal aborde, par exemple, la question du temps dans les villes, un temps devenu hétérogène à l'ère postindustrielle et qui doit tenir compte de la diversité sociale, y compris de celle entre hommes et femmes.