Moyen-Orient/Citoyennetés/Quartiers populaires

« Moyen-Orient, le nouveau “Grand Jeu” »
Politique étrangère
Vol. LXXXI, n° 2, été 2016, 234 p., 23 €.

En consacrant son dossier d’été au Moyen-Orient, Politique étrangère s’attaque à l’actualité chaude – même brûlante – d’une région en pleine recomposition. Le Moyen-Orient s’impose aujourd’hui comme une zone déterminante pour les grandes puissances régionales et mondiales qui veulent renforcer leur influence (États-Unis, France, Russie, Iran, Arabie Saoudite, Turquie). L’intensité et la durée des guerres civiles en Syrie, au Yémen ou en Irak les poussent à intervenir et à se positionner. C’est sous cet angle que la revue propose de comprendre la région : en tant que terrain stratégique où se reconfigurent les intérêts d’acteurs étatiques puissants.

Les spécialistes en relations internationales interrogés montrent que ces nouveaux engagements au Moyen-Orient ne suivent pas de grands desseins idéologiques mais reflètent plutôt des intérêts géopolitiques concrets. Leurs éclairages minutieux sont pour la plupart nourris d’une longue expérience et d’une expertise reconnue sur le pays qu’ils abordent. Ils permettent de déconstruire les clichés associés à la politique extérieure de certains États. L’article de Louis Blin, ancien diplomate français en Arabie Saoudite, s’attaque par exemple à l’idée qui voudrait que la diplomatie saoudienne soit d’inspiration religieuse (wahhabite). Il montre que Riyad défend ses intérêts en misant beaucoup plus sur les instruments conventionnels (le pétrole, l’aide, l’armée) que sur la religion. De même, d’après la spécialiste en études stratégiques Ekaterina Stepanova, la présence russe au Moyen-Orient ne s’apparente pas du tout au fantasme d’une « grande stratégie » postsoviétique, mais prouve au contraire que la Russie souhaite renforcer la négociation multilatérale dans la région, avec l’Onu au Yémen notamment.