Nathalie Heinich : Croqueuse de bêtises

Dans un ouvrage jubilatoire, la sociologue répertorie les chausse-trappes de sa profession.

Habitués à ses ouvrages clairs et sans concession sur la sociologie de l’art, du patrimoine ou de l’identité féminine, nous découvrons ici son Bêtisier du sociologue, exercice d’autodérision professionnelle autant que question scientifique cruciale. En une volée de chapitres kamikazes, la directrice de recherches du CNRS offre les ailes pour accéder à une bêtise scientifique de haut vol. On savoure : ne pas oublier que la bêtise est aussi une confiserie.

Quelle mouche de fantaisie a piqué notre chercheuse d’ordinaire si retenue ? En épinglant les vices d’origine et de forme – et ceux qui les produisent méticuleusement –, elle prend le risque de se mettre à dos une corporation particulièrement paranoïaque (passage jubilatoire du livre). « Je ne voulais pas être méchante, ni donneuse de leçons, prévient-elle en opinant de son auréole. La mise en évidence des bêtises constitue un idéal moyen pédagogique et heuristique de raconter cette profession. »