Il est aujourd'hui bien difficile pour un homme politique aspirant à une certaine respectabilité de brandir le drapeau national. La nation a trop souvent servi au cours du xxe siècle à couvrir des crimes, à légitimer des guerres qui n'avaient rien de démocratique, pour ne pas paraître suspecte aux yeux des démocrates. Pourtant, comme le rappelle le philosophe Pierre Manent dans son récent Cours familier de philosophie politique (Fayard, 2002), il existe depuis la fin du xviiie siècle un lien d'intimité entre la nation et la démocratie. En effet, construire une société d'égaux suppose que rien ne puisse diviser le corps politique. Les frontières ethniques, les frontières de langues qui pourraient séparer gouvernants et gouvernés doivent être bannies.
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L'abécédaire des sciences humaines
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