Selon une enquête de l’Institut national du cancer (« Les Français face au dépistage des cancers » enquête Inca-BVA, janvier - février 2009), 97 % des Français estiment que le dépistage est une bonne chose et qu’il augmente les chances de guérison, mais 69 % le considèrent aussi comme angoissant. Pourquoi tant d’appréhensions ? Le point avec Nicole Pelicier, psychiatre à l’hôpital Georges Pompidou, à Paris, spécialiste de psycho-oncologie.
Qu’est-ce que la psycho-oncologie ?
Elle a pour objet la prise en compte des dimensions psychologiques, voire psychiatriques, en relation avec un cancer ou ses traitements. Concrètement nous prenons en charge les patients atteints de cancer, mais aussi les familles, et nous aidons les équipes médicales confrontées à ces situations difficiles. Nous nous intéressons également aux problèmes du dépistage pour essayer de comprendre ce qui fonctionne ou pas dans les messages d’information qui incitent à le pratiquer.
Comment ces messages sont-ils reçus ?
Les images du cancer restent globalement péjoratives, le cancer étant perçu comme une maladie grave dont on risque de mourir. D’une certaine manière, les invitations au dépistage viennent rappeler ce risque plus que la possibilité de son évitement, ce qui provoque de l’anxiété. Par exemple, à l’occasion d’octobre rose, mois de mobilisation contre le cancer du sein, l’une des initiatives d’incitation au dépistage consistait en un message inscrit sur le papier d’emballage des baguettes de pain. Les Français étant très attachés à "leur bon pain", le relier à cette question de santé, au fait de prendre soin de soi, pouvait paraître pertinent. Mais j’ai aussi envie qu’on me laisse tranquille avec ce qui me fait peur, et le cancer fait peur. Je voudrais bien acheter mon pain tranquillement !… Il faut simplement d’attirer attention sans verser dans le harcèlement, afin que les personnes se sentent concernées mais pas désignées. C’est tout le dilemme en matière d’information en santé publique.