> David Le Breton
Professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg et membre de l’Institut universitaire de France, il a publié en 2018 Rire, une anthropologie du rieur (Métailié). Ses travaux portent principalement sur l’anthropologie du corps.
Nous savons qu’il n’existe non pas un, mais des rires. Est-il possible d’établir une typologie ?
Je pense que les typologies écrasent l’infinie complexité du monde. Je préfère une approche dite sensible, ce qu’Herbert Blumer* appelle les sensitizing concepts, c’est-à-dire une approche plus existentielle des phénomènes. Ce qui m’intéresse donc, c’est plutôt l’expérience de rire. Généralement, le rire est abordé sous l’angle de l’humour. Or, il porte une ambivalence : on observe des rires de détresse, de supériorité, de timidité, de soulagement, d’autres encore dans les situations de harcèlement… Le rire se comprend toujours selon le contexte où il s’inscrit. S’il est vrai qu’il existe d’innombrables rires, il est donc difficile d’établir des frontières rigides entre les différentes catégories possibles.
Le rire est-il davantage présent dans certaines cultures ? Ou l’a-t-il été au cours de certaines époques ?