Faut-il élever les garçons comme les filles ? Depuis une génération au moins, dans les milieux bien éduqués et sociologiquement corrects, il n’est plus d’usage d’élever à tout prix un garçon comme un solide « petit gars », et les filles comme des « princesses ». L’égalité des sexes est de règle et le modèle machiste de l’éducation est en voie d’effondrement. Dans ces milieux, un garçon n’est pas forcément inscrit d’autorité à un club de foot. Le psychothérapeute américain Michael Gurian a été élevé selon ce nouvel esprit anti-sexiste, et pour peu, il le regretterait.
Dans son livre Nos garçons, il affirme aujourd’hui que l’absence d’éducation spécifiquement masculine nuit finalement aux garçons qui, sur le plan de leur personnalité, ne sont pas comme les filles. Un retour aux vieilles lunes sexistes ? Michael Gurian récuse cette alternative entre « machisme » ou « égalitarisme ». Pour l’auteur, les garçons sont différents. Pourquoi ? La testostérone y est pour quelque chose. Elle les pousse à vouloir s’affronter les uns aux autres, à s’affirmer dans des jeux physiques ou symboliques où règne une certaine rivalité, à jouer au héros et à Superman, auteur d’exploits et défenseur des faibles. De ce besoin profond qui est au principe de leur affirmation de soi, il ne faut pas avoir peur, répond Michael Gurian. Au contraire, « Les garçons ont besoin de guides, de disciplines et de structure. Si cette culture – la leur – est méprisée, nous condamnons notre société à une violence croissante, au sexisme, à l’homophobie et à bien d’autres dangers. » Car, selon l’auteur, en refoulant les tendances inhérentes à la nature masculine des garçons, on va laisser exploser les comportements violents et machistes. Il ne faut pas craindre ces rivalités symboliques quotidiennes qui dégénèrent rarement en conflit violent. Les compétitions physiques ou symboliques, les garçons aiment cela. De même qu’ils aiment se retrouver en bandes, tracer des projets et des plans sur la comète. Il faudrait accompagner leur nature en la canalisant dans le bon sens. Le sport, par exemple, est à la fois un esprit de compétition mais aussi un sens de la discipline et des valeurs de respect de l’autre. Le « héros » que rêve de devenir beaucoup de petits garçons n’est pas un personnage malfaisant, mais un sauveur, un bienfaiteur, un protecteur. Les garçons ont un besoin impérieux de la compétition et d’être performants pour ressentir leur valeur : voilà le message central de ce livre.