Le neurologue britannique Oliver Sacks explique dans son dernier livre, L’œil de l’esprit, qu’il souffre de troubles visuels et d’hallucinations quotidiennes. Il les évoque pour nous, et revient au passage sur ses… quarante-six années de psychanalyse !
Professeur de neurologie et de psychiatrie à la Columbia University de New York, Oliver Sacks est l’auteur de nombreux essais sur des cas cliniques rencontrés au cours de sa carrière. Dans L’Éveil (1970), il fait le récit de son expérience auprès de patients américains atteints d’encéphalite léthargique (se caractérisant par un état léthargique et le mutisme des individus touchés). Ce livre a inspiré un film du même nom, réalisé par Penny Marshall en 1990. Oliver Sacks a également publié des ouvrages de vulgarisation, dont L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau (1985), Musicophilia (2009) et L’œil de l’esprit (2012), traduits en français au Seuil.
Votre dernier livre porte sur les troubles de la perception visuelle, mais vous en consacrez le tiers à exposer votre propre cas. Notamment, vous ne parvenez pas à reconnaître les visages et les lieux…
Avec du recul, je pense avoir souffert de cela toute ma vie, même si je n’ai commencé à considérer cela comme un problème que vers l’âge de 12 ans. Je me perdais très facilement, je ne reconnaissais pas mes camarades d’école. J’attribuais ces phénomènes à ma stupidité ou mon étourderie, pas à des problèmes perceptifs.
Bien des années plus tard, je suis allé en Australie retrouver mon frère aîné que je n’avais pas vu depuis quasiment trente-cinq années. J’ai appris qu’il connaissait exactement les mêmes problèmes avec les visages et les lieux. Je me suis donc demandé si ce n’était pas génétique.
Plus tard encore, après la parution de mon livre L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, beaucoup de lecteurs m’ont écrit pour me faire part de problèmes analogues et très anciens. J’ai commencé à comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un problème propre à ma famille mais assez commun, et pas assez reconnu par les médecins et neurologues.