« Je suis incapable de mentir. Je me mets à rougir à bafouiller et je perds tous mes moyens ». Ces aveux que l’on a tous entendus un jour indiquent que mentir demande de la compétence. Mais la facilité à mentir ne dépend pas que du menteur : il dépend aussi du flair de l’interlocuteur, qui peut ou non repérer les couleuvres qu’on veut lui faire avaler. Et il semblerait que les bons menteurs soient aussi experts dans l’art de flairer l’arnaque. Autrement dit : on ne ment pas à un bon menteur…
C’est en tout cas ce que semble démontrer l’expérience dirigée par le psychologue anglais Gordon Wright et son équipe. Ces chercheurs ont recruté 51 participants (27 femmes et 24 hommes de 25 ans en moyenne) qui ne se connaissaient pas, et les ont réunis en petits groupes de cinq ou six personnes. Chaque participant devait tout à tour défendre devant son groupe une opinion qui n’était pas la sienne (à propos du droit de fumer en place publique, en faveur des shows de téléréalité ou de la peine de mort, etc.). Ses véritables opinions avaient été tout d’abord confiées en privé aux chercheurs. Le reste du groupe devait donc juger si la personne qui avait la parole était en train de mentir ou non.
La conclusion de l’expérience est que les participants qui mentent le mieux sont également ceux qui détectent le mieux les mensonges des autres… Et la corrélation est sans équivoque. « Cette étude est la première à établir un lien évident entre la capacité à mentir et à détecter les mensonges », souligne Gordon Wright.
“You can't kid a kidder”: association between production and detection of deception in an interactive deception task ». G. Wright, C. Berry, and G. Bird. Frontiers in Human Neuroscience (2012). http://dx.doi.org/10.3389/fnhum.2012.00087