Bienvenue dans les coulisses croustillantes des personnalités et des phénomènes qui sortent de l’ordinaire : des milliardaires, des génies, des célébrités, des grands industriels, des sportifs talentueux. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les visages de Mozart, Bill Gates et John Lennon ornent la couverture jaune poussin du livre. Ce n’est pas non plus un hasard si l’auteur décortique le portrait de Christopher Langan, un américain au QI de 195 (qui a même été testé par un neuropsychologue sur un plateau télévisé !), réputé pour être l’homme le plus intelligent des États-Unis. Mais aussi la répétition énigmatique des accidents d’avion de la compagnie aérienne Korean Air. Autant de péripéties hors normes analysées dans ce livre pépite aux allures de best-seller, avoisinant les 2 millions de ventes, qui se dévore comme un muffin au chocolat un dimanche après-midi au jardin du Luxembourg. Le cheval de bataille de son auteur : déconstruire les idées reçues et démontrer, sur la base d’études statistiques, sociologiques, psychologiques ou encore économiques, que le succès de ces prodiges, ou l’émergence de ces événements, résultent de facteurs tels que les circonstances, le timing, la culture ou encore la famille, le travail. Malcolm Gladwell souligne à quel point la culture et l’héritage familial façonnent la réussite d’un prodige. Un constat qui flirte avec le débat 100 % psy que l’auteur ne manque pas d’évoquer un peu plus tard dans l’ouvrage : le talent est-il – ou n’est-il pas – inné ? Pour nous mettre dans l’ambiance, Malcolm Gladwell nous invite, dès le début, à examiner un immense tableau listant les tailles, les dates de naissance, les poids et les villes d’origine des joueurs de hockey canadiens des Tigers de Medicine Hat. Quel intérêt me direz-vous ? Eh bien, figurez-vous que dans ces éléments, les analystes ont pu constater que la majorité de ces joueurs étaient nés entre janvier et mars, venant ainsi démanteler l’idée selon laquelle ce ne sont que les meilleurs qui atteignent le sommet. Une coïncidence qui s’observe dans de nombreuses équipes internationales. Quel rapport avec leur succès ? Il est simple. Lors des sélections pour l’équipe itinérante « représentante » vers l’âge de 9 ou 10 ans, le jury sélectionne les enfants les plus âgés du groupe (donc ceux nés en début d’année) : de par leur plus grande maturité physique, ceux-ci sont jugés comme plus talentueux et donc plus prometteurs vis-à-vis des plus jeunes (il faut dire qu’à cet âge quelques mois de plus ou de moins font la différence). Ces enfants reçoivent par conséquent un meilleur entraînement et jouent plus du double de parties par saison. Trois ou quatre ans après, forts de ces exercices intensifs, ces enfants sont vraiment devenus les meilleurs.
On ne naît pas winner, on le devient !
Malcolm Gladwell, Tous winners ! Comprendre les logiques du succès. Flammarion, 313 pages, 2014, 9 euros.