Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l'hérésie, au judaïsme et à l'islam (1000-1150)

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A partir du xie siècle, l'abbaye de Cluny constitue une entité à part entière dans le monde chrétien. Son importance se mesure à la multitude de ses fondations, à la richesse de ses biens matériels mais aussi à la place qu'elle occupe dans le monde féodal. Les manuscrits font état d'une « Ecclesia cluniacencis » qui montre bien le caractère universel que les abbés veulent donner à leur fondation, ce qui amène les Clunisiens à confondre leur église et l'Eglise romaine. L'auteur explique l'histoire de cette confusion et étudie la structure de cette église monastique « fonctionnellement identifiée à Rome ». Cette position entraîne nécessairement une responsabilité face aux ennemis intérieurs et extérieurs de l'Eglise.

Les écrits de Pierre le Vénérable, neuvième abbé de l'ordre (1122-1156), servent de matériaux à l'auteur pour étudier la défense mise en oeuvre contre l'hérésie (Pierre de Bruis qui conteste le baptême des enfants, les lieux consacrés, la communion et la liturgie funéraire) et contre l'infidèle, Juifs et Sarrasins.

Pierre le Vénérable apparaît vite comme un théologien très documenté et très au fait des « erreurs » qu'il réfute. Il est sans doute le premier, dans l'Occident médiéval, à étudier la littérature juive de l'exil, le Talmud, et à se confronter au Coran. Mais au-delà des querelles théologiques, il nous permet de comprendre comment s'organise la chrétienté à l'époque féodale et nous offre ainsi une véritable sociologie du christianisme au xiie siècle.