Où vont les migrants ?

La France serait-elle envahie par ses immigrés ? On pourrait le croire, tant le débat public sur ces questions est crispé. Une récente synthèse publiée par l’Ined invite pourtant à relativiser ce point de vue, en menant une comparaison internationale sur la part de la population immigrée dans divers pays.

Premier rappel d’importance : estimés à 214 millions en 2010, les immigrés ne représentent toujours qu’une faible minorité de la population mondiale (3,1 %, contre 2,9 % en 1990 et 2,3 % en 1965). Ensuite, si la France est le 4e pays accueillant le plus d’immigrés (6,7 millions), elle est loin derrières les États-Unis (42,8), la Russie (12,3) et l’Allemagne (10,8). Et si l’on classe les pays selon la proportion de la population totale que les immigrés représentent, elle est devancée par des pays comme le Canada (21,3 %), la Suisse (21,8 %), l’Arabie Saoudite (27,8 %) et surtout les Émirats arabes unis (70 % !). Réciproquement, la France se distingue par son faible taux d’émigration, l’un des plus bas d’Europe. Moins de 0,5 % des Français vivent à l’étranger, alors qu’ils sont 7,1 % au Royaume-Uni, 10,2 % au Mexique (qui fournit le plus gros contingent mondial d’émigrés : 10 millions), 19,4 % au Portugal ou encore… 44,3 % au Cap-Vert, record mondial. Le Royaume-Uni se distingue ainsi par le fait qu’il compte presque autant d’émigrés (4,2 millions) que d’immigrés (4,9 millions). Bref, en matière de mobilité internationale la France reste, comme dans d’autres domaines, une puissance moyenne.

 

Où vont les migrants ?

La focalisation sur les migrations des pays pauvres vers les pays riches fait souvent oublier que les flux entre pays du Sud sont aussi importants que les flux Sud/Nord. En revanche les flux Nord/Sud, dominants il y a un siècle, sont aujourd’hui minoritaires.

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Gilles Pison, « Le nombre et la part des immigrés dans la population : comparaisons internationales », Population et sociétés, n° 472, novembre 2010.