Pacifique : l'océan-monde

L’océan Pacifique est une immensité maritime constellée 
de minuscules îles. Et pourtant, dès la préhistoire, des peuples s’y installèrent. L’histoire de cette épopée, longtemps ignorée, commence à être restituée.

Pour embrasser l’histoire du peuplement de cette immense région maritime qu’est l’Océanie, le croisement des résultats de nombreuses disciplines s’avère indispensable. Ainsi, l’archéologie s’associe à la linguistique, à la botanique, à l’ethnologie…, et aujourd’hui aux analyses génétiques. Grâce à la mise en relation des données de ces différents champs de recherche, nous parvenons progressivement à peindre le tableau de l’histoire de l’Océanie*, même si beaucoup d’interrogations subsistent encore.

 

De Sunda à Sahul, les premières arrivées

Il y a environ 50 000 ans, les premiers êtres humains entrent sur la grande scène du Pacifique en provenance d’Asie.

À cette époque, la Terre connaît des glaciations qui retiennent les eaux au niveau des pôles et abaissent la surface des océans. La Nouvelle-Guinée et la Tasmanie se trouvent unies à l’Australie et forment le continent Sahul. À l’est, la péninsule malaise est reliée à l’arc indonésien insulaire, formant une grande région : Sunda.

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Entre Sunda et Sahul s’étend le monde insulaire de la Wallacea, qui constitua une barrière majeure à la dispersion des plantes et des animaux. Mais les êtres humains d’alors possèdent, dans leur système technique et conceptuel, les outils et des capacités qui leur permettent de franchir ces espaces maritimes. Ils conçoivent des embarcations telles que des radeaux de bambou, des bateaux d’écorce ou des pirogues monoxyles (taillées dans un unique tronc d’arbre), avec lesquels ils traversent les bras de mer de 70 à 100 km de large séparant Sahul de Sunda, et entrent dans le Pacifique.

Les sites archéologiques révèlent des installations datées de 38 000 av. J.-C. en Nouvelle-Guinée, de - 30 000 au sud du continent australien et de - 28 000 en Nouvelle-Irlande. Dès cette première phase de peuplement, certaines îles de Mélanésie sont donc atteintes. Cette longue période d’implantation offrit le temps à la biologie humaine, aux langues…, de varier considérablement.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, la Papouasie-Nouvelle-Guinée présente le taux le plus élevé au monde de diversité linguistique : 819 langues pour 6 millions d’habitants.

Progressivement, la partie nord de l’arc mélanésien, incluant les grandes îles de l’archipel des Salomon, se peuple de chasseurs-cueilleurs qui font preuve d’une remarquable adaptabilité face aux différents écosystèmes rencontrés.

Vers - 10 000 commence la période de l’Holocène, caractérisée par un réchauffement du climat : les glaces fondent et la surface des mers remonte. Le phénomène ne laisse émerger de Sahul que l’Australie, la Nouvelle-Guinée et la Tasmanie, qui se retrouvent alors isolées les unes des autres. Chaque ensemble géographique se développe indépendamment et les modes de vie se diversifient.

Conception Laurent Testot