Parenté

Dans un sens large, on parle de parenté pour désigner toutes les personnes qui se sentent unies par des liens familiaux : frères et sœurs, parents et enfants, oncles, tantes, cousins, grands-parents, beaux-frères, etc.

Plus spécifiquement, l’étude de la parenté se consacre aux règles de l’alliance (qui peut épouser qui ? À quelles conditions ?), aux liens de filiation (comment se transmettent le nom, l’héritage et l’identité de parent à enfant...) et à leur intégration dans un système plus vaste de génération (tribu, lignage, clan). C’est un des thèmes fondateurs de l’anthropologie.

De Morgan à Murdock : les systèmes de parenté

Les créateurs de la discipline, Henry Maine (1822-1888), Johann J. Bachofen (1815-1887), Lewis H. Morgan (1818-1881) et John F. McLennan (1827-1881), ont vite compris que l’organisation de la parenté est une matrice de l’organisation des sociétés « archaïques ».

C’est la première grande découverte de l’anthropologie : la famille et la parenté sont une constante des sociétés humaines. Et elles forment peut-être une de ses vertèbres. La seconde grande découverte est la multiplicité des formes de la parenté. La famille nucléaire (le couple marié et ses enfants) n’est pas seule présente dans toutes les sociétés (même si on la trouve partout). D’autres formes existent : polygame, étendue, où le nom se transmet par le père ou par la mère, où le mariage est interdit avec les cousins ou permis sous certaines conditions, etc. Bref, partout, on constatait des règles de parenté, mais sans trop savoir quelles étaient exactement ces règles.

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L.H. Morgan, lors de ses voyages chez les Iroquois, avait remarqué qu’un individu appelait « père » son père naturel mais aussi le frère de celui-ci (son oncle). De même, il appelait « frères » ou « sœurs » ses cousins. Cette observation le conduisit à entreprendre une classification des systèmes de parenté des sociétés primitives. C’est le début d’un travail de terminologie qui va occuper la recherche anthropologique pendant plusieurs décennies. Elle est marquée par un travail intense de recueils, de fixation terminologique, auquel sont associés les noms d’Alfred L. Kroeber (1876-1960), de Robert H. Lowie (1883-1957), de William H. Rivers (1864-1922) et bien d’autres. La classification établie par George P. Murdock (1897-1985) en 1949 (Social Structure), à partir de plusieurs dizaines de sociétés, sert aujourd’hui de repère à la communauté des anthropologues. C’est en fonction de l’appellation qu’un individu donne à ses oncles, ses parents ou ses cousins que G.P. Murdock a élaboré une classification des systèmes de parenté. Ils sont au nombre de onze et ont été désignés à partir d’une population-type : crow, dakota, eskimo, fox, guinéen, hawaïen, nankanse, iroquois, omaha, soudanais, yuma. Par exemple, dans celui des crow, les cousines croisées (filles de la sœur du père et filles du frère de la mère) portent des noms différents et il n’y a pas de distinction entre les générations (une tante et une cousine sont désignées de la même façon). Il existe d’autres systèmes de parenté (comme les dravidiens) et d’autres classifications possibles selon les critères retenus.