Mise en œuvre pour la première fois lors des élections municipales de 2001, la loi sur la parité (6 juin 2000) avait alors eu pour effet principal, selon plusieurs enquêtes, de renforcer les stéréotypes sur les femmes en politique. Les médias, mais aussi les candidates elles-mêmes, avaient alors largement mis en avant des qualités qui leur seraient spécifiques : elles seraient « plus concrètes », « plus proches des gens », « plus pragmatiques »... Qu'en a-t-il été lors des législatives de 2002 ? Selon la politiste Sandrine Lévêque, qui a analysé les professions de foi des candidats dans les 21 circonscriptions parisiennes, on constate l'inverse : hommes et femmes se différencient peu dans leur manière de se présenter. Ils mobilisent avant tout des ressources collectives, c'est-à-dire celles détachées de leur personne (logo du parti, photo ou éditorial d'un « parrain »...). Quant aux ressources individuelles, les femmes ne semblent pas surinvestir, comme on aurait pu s'y attendre, leurs attributs privés : elles mentionnent autant leur statut de parent que les hommes (22 %), et moins souvent leur statut familial (11 % des candidates contre 20 % des candidats).
S. Lévêque note par ailleurs que l'on trouve une seule candidate plaçant le féminisme au cœur de sa candidature. Les thèmes « féministes » (parité, égalité au travail, respect de la loi IVG...) ne sont en outre mentionnés que dans 12 % des professions de foi.
Références
S. Lévêque, « La féminité "dépassée" ? Usages et non-usages du genre dans les professions de foi des candidat(e) s parisien (ne) s aux élections législatives de 2002 », <i>Revue française de science politique</i>, vol. LV, n° 3, juin 2005. Lire également l'entretien avec Joan Scott dans ce numéro, p. 18.