Parler avec un patient suicidaire est-il efficace ?

Certains patients sont plus à risque suicidaire que d’autres : c’est le cas de ceux qui s’automutilent et/ou qui ont déjà tenté de se suicider. Dès lors, une fois que le praticien a identifié le haut risque suicidaire chez son patient, que peut-il lui proposer ? Un médicament ? Une bonne adresse de divan ? A-t-il plus d’un tour thérapeutique dans son sac ? La réponse est non. Dans ce cas de figure, les pistes d’intervention efficaces viennent cruellement à manquer. Des chercheurs danois des universités de Copenhague et d’Oslo se sont penchés sur l’intérêt des thérapies psychosociales, à savoir des thérapies de prévention du suicide basées sur une simple discussion, un dialogue entre le thérapeute et son patient. Rappelons que le Danemark est un pays particulièrement expert en matière de suicide puisqu’il a dressé des cliniques de prévention aux consultations gratuites, dès 1992. Actuellement, on en dénombre 8 sur tout le territoire. L’objectif de cette recherche était de déterminer si, oui ou non, les thérapies psychosociales permettaient de réduire réellement le risque de suicide après des TS et/ou des épisodes d’automutilation. Pour ce faire, les auteurs ont suivi un ensemble de patients à fort risque suicidaire pendant plusieurs années. 5 678 d’entre eux ont bénéficié d’une thérapie psychosociale au sein des cliniques de prévention danoises entre les années 1992 et 2010. Les chercheurs ont comparé leurs parcours à plus de 17 000 patients n’ayant pas bénéficié de cette thérapie. Les résultats sont prometteurs : les auteurs ont observé que le risque de suicide avait été réduit, dès la première année, de 27 % pour les patients qui avaient suivi cette thérapie. Ces bénéfices s’observaient toujours dans le courant de la 5e année, voire de la 10e après la thérapie. Reste à bien identifier quels angles thérapeutiques furent, dans cette discussion, les plus bénéfiques aux patients.