Pathologiques, les « difficultés de personnalité » ?

D’après une enquête téléphonique effectuée pour le gouvernement britannique auprès de plusieurs milliers de personnes tirées au sort, 22,5 % de la population anglaise se porteraient comme un charme du point de vue pychologique. Pour les 77,5 % qui restent, rien ne va plus. 7 % souffriraient de troubles mentaux sévères, 21 % présenteraient un trouble de la personnalité, et 48 % auraient… des « difficultés de personnalité » (personality difficulties). C’est-à-dire, pour les auteurs de l’étude, qu’ils tendraient vers un trouble de la personnalité en vertu de difficultés personnelles. Et, davantage que les 22,5 % de gens « normaux », seraient enclins à se retrouver à la rue, à connaître de graves problèmes financiers, et à… être pris en charge pour maladie mentale. Mais tout cela, pour moins de 10 % d’entre eux. Les personality difficulties représentent un trouble ad hoc, avancé pour les besoins de l’étude. Abusif ? Arbitraire ? Flou, en tout cas : les enquêteurs admettent qu’il s’agit là d’un continuum de symptômes plus ou moins sévères, et fluctuants, et qu’il serait une bonne chose que le DSM-V cesse bel et bien, comme c’est envisagé, d’envisager ce type de trouble en tout ou rien. D’aucuns ne manqueront pas de se demander dans quelle catégorie ranger certains psychiatres. Mais sans doute sont-ils trop grincheux pour figurer parmi les bienheureux 22,5 %...
 
Yang M, Coid J, & Tyrer P (2010). Personality pathology recorded by severity: national survey. The British Journal of Psychiatry 197, PMID: 20807963