Les approches les plus courantes de la pauvreté en France se situent dans un éventail qui va de définitions principalement fondées sur l’écart avec le revenu médian (pauvreté monétaire relative) à la perspective simmelienne, qui conçoit l’identification au statut de « pauvre » comme un effet de la prise en charge par les dispositifs dits « d’assistance » 1.
Les réponses à la question « qui se sent pauvre ? », en se fondant directement sur la façon dont les individus perçoivent leur propre situation, apporte des éléments substantiels à la compréhension de la pauvreté ainsi qu’à celle de l’évolution des conditions de vie et de l’expérience de la structure sociale dans les strates inférieures des classes populaires dans la société française d’aujourd’hui.
En France, l’indicateur le plus courant consiste à évaluer la part des ménages dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du revenu médian. Une personne peut aussi être considérée comme pauvre si elle déclare souffrir d’au moins huit difficultés parmi une liste de 27 items concernant des restrictions de consommation, les conditions de logement, les retards de paiement, etc. C’est la pauvreté en conditions de vie.
Ces deux taux sont proches (14 % et 12 %, respectivement), mais les groupes qu’ils identifient ne se recoupent que partiellement. En France, seule une personne sur vingt est pauvre selon les deux critères, tandis qu’une personne sur cinq l’est selon l’un ou l’autre point de vue. Articuler ces mesures différentes fait apparaître un « noyau dur » constitué par la grande pauvreté, saisie à travers le cumul des différentes formes de pauvreté et un « halo » de la pauvreté, semblable au « halo » du chômage, constitué par les personnes en sous-emploi et non-comptabilisées dans les chiffres du chômage les plus médiatisés.