Psychanalystes, psychologues humanistes, comportementalistes, cognitivistes, sociaux… Tous ! Ils ont tous essayé de trouver le Saint Graal de la personnalité, sa structure, son origine. Mais c’est un horizon qui ne se laisse pas facilement approcher. Sans dresser un fastidieux catalogue de leurs tentatives, essayons de comprendre pourquoi il demeure si difficile de trouver « la » formule magique.
Les classements par types
Le terme vient du latin « persona » qui désignait un masque de théâtre expressif, chargé d’une émotion particulière, permettant au public d’identifier instantanément à la fois un protagoniste et son registre dramaturgique. Aujourd’hui, au-delà des nuances de définition, la personnalité désigne, en psychologie, ce qui fait de chacun de nous un sujet unique, relativement prévisible, aux réactions constantes et spontanées. Par définition, ce concept devrait permettre non seulement de décrire, mais aussi d’expliquer et de prédire les comportements d’un individu aux caractéristiques bien établies. Or prédire reste un exercice difficile… et décrire, aussi !
Comment opérer une description satisfaisante ? Une première méthode consiste à classer les personnalités, en les faisant entrer dans des cases : c’est la catégorisation par types. Le médecin grec Galien, au IIe siècle de notre ère, s’y risque déjà. À l’époque, et depuis 700 ans, prévalent les théories de son compatriote Hippocrate : notre santé se voit régie par les jeux d’équilibre entre quatre « humeurs » ou fluides corporels (bile jaune, bile noire, lymphe et sang). Galien va plus loin en estimant que l’humeur dominante chez chacun détermine le tempérament : les humains seraient ainsi divisibles en mélancoliques (œuvre de la bile noire), bilieux (ou colériques, à cause de la bile jaune), ou encore, par la lymphe ou le sang, lymphatiques (ils sont alors flegmatiques) ou sanguins (plein de vie).
De nombreuses autres grilles de lecture se proposent de classer les multiples personnalités humaines. Carl Gustav Jung, en 1921, propose, par exemple, d’en distinguer deux types, extravertis et introvertis, suivant que la libido se trouve plus ou moins dirigée vers des objets externes. En 1996, Frank Sulloway, de l’université Berkeley, choisit un angle tout autre : différencier les sujets d’après leur rang de naissance. Ainsi trouverait-on globalement davantage d’innovateurs scientifiques parmi les cadets, décrits comme des rebelles voués à se singulariser dans un domaine délaissé par leurs aînés.
La multiplicité et parfois l’arbitraire des classifications possibles, le peu de nuances autorisées par cette approche, les excès de certaines de ces grilles de lecture, font qu’un autre type de classification, par traits, leur est fréquemment préféré.