Christopher Lasch
La culture du narcissisme
L’essayiste américain Christopher Lasch (1932-1994) est le théoricien du « narcissisme contemporain ». Dans La Culture du narcissisme. La vie américaine à un âge de déclin des espérances (1979), il ne se contente pas de décrire le mouvement de déclin collectif et l’individualisme ambiant, comme l’on fait d’autres auteurs, il insiste au contraire sur les paradoxes du narcissisme. Narcisse n’est pas un égoïste replié sur lui-même, il a besoin des autres pour satisfaire son image de soi. Il est donc piégé par cette volonté de paraître. Le consumérisme, l’attention accordée à sa santé, à son corps, à sa réussite personnelle, le refus de la vieillesse, etc. sont autant de façons de se soumettre finalement à une nouvelle forme d’aliénation caractéristique du monde contemporain.
Jean Baudrillard
Le corps, objet de consommation
Le sociologue Jean Baudrillard (1929-2007) aborde la question du corps dans le cadre de La Société de consommation (Gallimard, 1974). Après de longs siècles de puritanisme, « le corps hypostasié est devenu le mythe directeur d’une éthique de la consommation » , écrit-il. Le corps est désormais investi comme un capital que l’on doit gérer ; il est un moyen d’expression de son statut social. Le corps s’affiche aussi au travers de « fétiches », porteurs d’un message tourné vers l’extérieur : « De l’hygiène au maquillage, en passant par le bronzage, le sport et les multiples libérations de la mode, sa redécouverte passe d’abord par les objets. » Support de narcissisme, objet de prestige, le corps doit se plier à des pratiques de consommation, de manière, au final, à répondre à des impératifs valorisés tels que la minceur ou la forme…
Trop de sucres, trop de gras ? Les habitudes alimentaires contemporaines font l’objet d’inquiétudes. Pour y parer, les politiques d’éducation alimentaire reposent sur l’idée qu’il suffit d’informer les mangeurs pour qu’ils adoptent des comportements nutritionnels adéquats. La pression des modèles esthétiques corporels participe à ce phénomène, mais également la perception répandue d’une menace pour la santé en cas d’écart nutritionnel, notamment les campagnes de prévention sanitaire. Jean‑Pierre Poulain souligne l’importance de l’esthétique et décèle une moralisation cachée derrière le caractère scientifique des messages. On les aliments alors que , écrit-il. Pour le sociologue, l’acte alimentaire pour l’individu est beaucoup plus que le support de la fonction biologique de nutrition. L’ouvrage porte sur la définition d’un , et met en évidence le décalage entre ce que l’individu pense, la norme, et ce qu’il fait, la pratique.