Polémique et éthique en science politique

Une passe d’armes entre deux politistes questionne la libre parole des chercheurs.

Au départ, c’est une histoire minuscule. Au cours de l’été dernier, Olivier Fillieule, professeur de science politique à l’université de Lausanne, est pour le moins irrité par deux interventions médiatiques de son confrère Pascal Perrineau, directeur d’un important centre de recherches, le Cévipof. Habitué des médias, ce dernier, dans un article du Nouvel Observateur, met en équivalence Olivier Besancenot et Jean-Marie Le Pen sous l’étiquette infamante du « populisme », et estime que « l’extrême gauche anticapitaliste devrait faire l’objet du même interdit (politique) que l’extrême droite ». Peu après, il participe dans Le Point à un jury établissant un « palmarès des ministres » du gouvernement Fillon. O. Fillieule saisit alors son clavier et explique en termes peu amènes, dans un courrier électronique adressé à P. Perrineau, ce qu’il pense de ces pratiques qui dévoient selon lui la science politique. Résultat : malgré des excuses ultérieures, P. Perrineau lui intente un procès pour injures non publiques. Et pose une deuxième plainte pour diffamation non publique suite à un autre courrier électronique qu’O. Fillieule adresse ultérieurement aux membres du conseil de l’Association française de science politique (AFSP). Il y soulève, en prenant l’exemple des interventions médiatiques litigieuses de P. Perrineau, la nécessité de développer une réflexion sur les questions d’éthique au sein de la profession…

Caroline Lensing-Hebben, Le Bord de l’eau, 2008.Xavier Crettiez et Isabelle Sommier, Didier Fassin, Sylvain Bourmeau,