Politiques et action publiques

Gilles Massardier, Armand Colin, 2003, 310 p., 39 €.

Qui dit politique publique pense aussitôt - et à juste titre - aux actions de l'Etat et de ses administrations, qu'elles relèvent de projets de portée générale comme l'élaboration d'une nouvelle loi ou du budget, ou à caractère sectoriel comme l'aménagement d'une infrastructure ferroviaire, la politique de la ville, etc. A la question de savoir comment de telles politiques se décident, s'élaborent et se mettent en oeuvre, on imagine - et cette fois à tort, ou presque - qu'elles sont le fait de ministères et de hauts fonctionnaires, relayés par les préfets, et d'eux seuls, suivant une rationalité que les circonstances ou les intérêts particuliers ne sauraient infléchir.

La réalité est en fait on ne peut plus compliquée. C'est ce que s'emploie à montrer ce livre, en rendant compte tout à la fois de la complexité qui préside aujourd'hui à la production d'une politique publique et de l'appareillage théorique mis au point par les politologues et d'autres spécialistes pour rendre compte de cette réalité. L'expression d'« action publique » utilisée par nombre de ces spécialistes, et que l'auteur affiche lui-même en titre, est précisément censée souligner cette complexité, en restituant l'incertitude et par là même le caractère limité de la rationalité qui sous-tend la poursuite d'une politique publique. « Les autorités publiques, écrit Gilles Massardier, ne possèdent plus le monopole de fabrication des politiques publiques mais doivent, au contraire, "faire avec" une multiplicité d'acteurs qui projettent leurs "finalités vécues" dans le processus de fabrication des politiques publiques. »