Dans les nombreuses études de popularité des enfants auprès de leurs pairs, on évalue généralement celle-ci en demandant aux enfants lesquels, parmi leurs camarades de classe, ils aiment le plus, et lesquels, le moins. Deux psychologues ont voulu vérifier si c'est bien cela que les enfants eux-mêmes entendent par « popularité ». Ils ont donc procédé à une évaluation auprès de 135 élèves de CM1 et CM2, mais, après leur avoir demandé de citer les camarades qu'ils aimaient le plus et le moins, ils leur ont demandé de dire lesquels, à leur avis, étaient populaires et lesquels ne l'étaient pas. Les deux classements ne concordent pas : les enfants dits populaires ne sont pas toujours les plus aimés, ce qui recoupe une étude récente, dans laquelle les enfants donnent une image nuancée des camarades populaires : ils les voient comme agressifs, un peu égoïstes. En particulier, les enfants classés bas sur l'échelle sociométrique classique - c'est-à-dire les moins aimés - n'aiment pas beaucoup les élèves populaires. Faire la différence peut être important, observent les auteurs, car il semble bien que les élèves ainsi désignés comme populaires soient les meneurs, les leaders d'opinion. Si l'on veut exercer une influence sur une classe - par exemple, la monter contre la drogue -, c'est sans doute en s'efforçant d'abord de convaincre ces élèves populaires, d'après leurs pairs, qu'on a le plus de chances d'y parvenir.
Références
K.M. LaFontana et A.H.N. Cillessen, The Journal of Genetic Psychology, juin 1999. « Children's interpersonal perceptions as a function of sociometric and peer-perceived popularity »