L'« exposition à la mondialité » oblige à revoir les sciences sociales de fond en comble. Ce constat circule parmi les chercheurs. Il a été posé on ne peut plus clairement par le géographe Jacques Lévy. Celui-ci a rappelé combien les sciences sociales ont souffert d'un « nationalisme épistémologique » qui est devenu un sévère handicap à l'heure de la mondialisation.
L'intervention de Saskia Sassen tombait alors à point nommé. La sociologue américaine a d'ores et déjà amorcé ce dépoussièrage des sciences sociales. Pour elle, la dichotomie entre le « national » et de « mondial » plongent dans la pénombre une bonne partie de la mondialisation. Car celle-ci est parsemée de « zones d'hybridation », d'« assemblages » où les institutions, le droit et le territoire de l'Etat-nation se combinent avec des composantes mondialisées. La finance globale est par exemple fortement inscrite dans un territoire local, tout en obéissant à des règles supranationales. Inversement, des firmes off-shore peuvent se voir poursuivies devant une court nationale.
Dans cette hybridation entre le national et le mondial, certaines composantes de l'Etat-nation se portent très bien, comme l'exécutif ou le judiciaire. Le législatif est en revanche le parent pauvre de la mondialisation, au détriment de la démocratie...