Il y a un fort engouement du grand public pour « l’entraînement cérébral » sous toutes ses formes… Mais qu’en pensent les médecins ?
Ils sont enthousiastes, mais il ne faut pas tout confondre ! Lorsqu’un patient a un déficit physiologique clairement identifié, par exemple une lésion cérébrale qui serait la conséquence d’un AVC, des scientifiques utilisent des logiciels dédiés aux professionnels de santé pour faire de la « rééducation », afin de rétablir une activité cérébrale normale. Il arrive cependant que le trouble soit moins bien identifié, lorsque le patient présente des symptômes de dépression, de schizophrénie ou encore de bipolarité par exemple. Des psychiatres recourent alors à des logiciels de « remédiation », qui ne corrigent pas le problème mais qui aident le patient à reprendre un certain contrôle de ses fonctions cognitives. Vous avez enfin un troisième cas de figure lorsqu’une personne ne présente pas de problème de santé particulier mais souhaite tout de même stimuler son activité cérébrale. Il existe alors des logiciels « d’optimisation », destinés à un large public et qui ne relèvent plus de la médecine.
Ce sont les mêmes exercices à chaque fois ?
La rééducation entre dans une catégorie à part. Elle est adaptée à chaque patient dans la mesure où elle vise à corriger un trouble individuel précisément ciblé. La remédiation et l’optimisation, en revanche, se ressemblent beaucoup, l’essentiel étant de stimuler autant de facettes cognitives que possible — la mémoire, le raisonnement, la concentration, le langage, l’orientation spatiale, etc. (voir encadré). Il n’y a pas mille façons de le faire. Du coup les exercices reviennent souvent au même. La principale différence, s’agissant de la remédiation, c’est que le professionnel de santé garde le contrôle des paramètres de difficultés, et donc du rythme de progression du patient. Il intègre le logiciel à un processus thérapeutique plus vaste… Dans l’optimisation, à l’inverse, le joueur reste libre de faire ce qu’il veut. C’est peut-être un écueil d’ailleurs, chacun ayant tendance à faire ce qu’il réussit le mieux, alors qu’on progresse davantage là où l’on est moins à l’aise.