Actuellement, au sein des institutions, des cabinets et des manuels de psychopathologie, règne l’approche catégorielle, propre au DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) et à la CIM (Classification Internationale des Maladies) : les difficultés psychologiques des patients y sont organisées comme le seraient des maladies physiques, c’est-à-dire en catégories diagnostiques. Toutefois, cette manière d’approcher les difficultés psychologiques suscite de nombreuses réserves de la part des cliniciens et des chercheurs.
Deux critiques sont généralement avancées. Primo, cette approche catégorielle (dite aussi essentialiste) se révèle inadaptée à la grande variabilité des profils de personnes à qui l’on a diagnostiqué un même trouble. Exemple : Messieurs Dupont et Dupond se sont vus tous deux attribuer l’étiquette de « trouble dépressif majeur ». Et pourtant, leur profil, la gravité de leurs difficultés, les facteurs d’apparition de leur souffrance psychologique sont tout à fait différents. Secundo, dans cette approche « par étiquette » prédominent les explications neurobiologiques, alors que nombre de difficultés psychologiques pourraient s’expliquer par un contexte relationnel défavorable, par exemple. Les catégories de troubles paraîtraient donc trop précises et pas assez nuancées. « C’est comme si, après avoir satisfait une ambition de description du vivant, on se retrouvait face à une catégorie ‘‘chat à taches blanches’’ et une autre ‘‘chat à taches rousses’’ et qu’on rencontrait trop souvent des chats à taches blanches et rousses », argumentent Jean-Louis Monestès et Céline Baeyens, du Laboratoire Inter-universitaire de psychologie de l’université Grenoble Alpes.