Préhistoriens et psychologues de l’évolution professent volontiers que le cerveau d’Homo sapiens n’a pas évolué et que depuis deux cent mille ans, il est resté en gros le même. Mais cette conviction est égratignée par des études anatomiques récentes. Certaines montrent, par exemple, que le cervelet humain a connu depuis 10 000 ans une relative croissance par rapport aux hémisphères cérébraux, développés eux dans la période précédente. D’autres études portent sur des changements génétiques rapides intervenus depuis 14 000 à 6000 ans. La période vous rappelle quelque chose ? Normal : il y a dix mille ans environ, l’homme a commencé à devenir agriculteur et sédentaire, s’engageant dans la voie de ce qu’on a appelé - non sans prétention - la civilisation. Pour Steven Mithen, préhistorien, et Lawrence Parsons, neuropsychologue, ces coïncidences pèsent en faveur d’une influence de la culture sur l’histoire du cerveau humain. Ils en veulent pour autre indice les observations actuelles montrant qu’un apprentissage spécialisé peut avoir des répercussions fonctionnelles et même anatomiques sur l’organe de la pensée : cela a été démontré chez des musiciens classiques et des chauffeurs de taxis.