La mémoire nous trompe parfois sur les raisons qui nous ont poussé à faire certaines choses. L’autre jour, j’ai recommandé à un ami de lire un roman que je venais de terminer. « Mais c’est moi qui te l’ai conseillé ! Tu ne t’en souviens pas ? » m’a –t-il rétorqué, surpris (et peut-être un peu fâché) de mon oubli. En fait, je ne me souvenais plus du tout de cet épisode. Je pensais avoir découvert ce livre tout seul en librairie.
Cette anecdote m’est revenue en mémoire en découvrant l’enquête de Suzanne Kaasa, de l’Université de Californie à Irvine. Elle et son équipe ont interrogé des d’étudiants afin de savoir pourquoi ils avaient choisi tel titre lors de leur dernier achat de CD. Certains ont évoqué un achat d’impulsion, d’autres avaient entendu le morceau à la radio, d’autres suivaient un conseil, etc. Puis, six mois plus tard, les personnes étaient invitées à répondre à la même enquête. Et là, surprise : le temps passé, les réponses n’étaient plus tout à fait les mêmes. Ainsi, seuls 20 % des personnes avaient rempli le questionnaire de la même façon que la première fois. 30% avaient complètement oublié leurs raisons, et 50 % en avaient introduit de nouvelles. Comme quoi, il faut se méfier des explications rétrospectives à nos propres comportements...
S.O. Kaasa, E.K. Morris & E.F. Loftus (2011). Remembering why : Can people consistently recall reasons for their behavior ? Applied Cognitive psychology, 25 (1)