Pourquoi le retour paraît plus court que l'aller

Vous voilà engagé(e) dans un road trip en ville pour un rendez-vous amical, à 2,4 kilomètres du canapé de votre salon. Après quoi, vous regagnez votre domicile en effectuant exactement le même parcours, à la même vitesse. Sans doute avez-vous estimé, a posteriori, que le chemin du retour était plus court que celui de l’aller, alors que la distance parcourue et le temps passé à la parcourir étaient tout à fait identiques. Que vous ayez voyagé à pied, en voiture, à cheval, en soucoupe volante, cette illusion serait commune à tous. Comment expliquer un tel phénomène ? Une équipe de chercheurs japonais nichés dans un laboratoire de l’université d’Osaka ont souhaité s’atteler à cette question. Ceux-ci ont demandé à 20 jeunes hommes, en bonne santé et âgés de 20 à 30 ans, de visionner des vidéos prises sur un individu en train de parcourir un trajet, à pied. Chacune d’elles durait 26,3 minutes pour une distance exacte de 1,7 km. Pour flouer les pistes et isoler les variables, deux groupes de participants ont été constitués : le groupe 1 a visionné un trajet aller-retour exécuté sur un même itinéraire, tandis que le groupe 2 a suivi une vidéo représentant deux trajets différents via deux itinéraires distincts. Chaque participant était seul dans une pièce, devant un écran (les chercheurs ont vérifié que tous ces joyeux cobayes humains avaient une bonne vision, of course). En temps réel, on leur demandait d’indiquer quand trois minutes s’étaient écoulées, ne laissant à leur portée ni montre, ni chronomètre, ni horloge. Puis, à l’issue de cette expérience, les auteurs ont demandé à tous les participants de remplir un questionnaire les invitant à estimer la longueur du trajet aller et retour. Lors de l’analyse des résultats, les chercheurs ont constaté que la perception du temps de tous les participants était fidèle à la réalité. Pas de sur ou sous-évaluation à l’horizon. Les faits se sont gâtés à l’étape du questionnaire : après coup, ces jeunes hommes estimaient que le trajet de l’aller était finalement plus long que celui du retour ! Conclusion : leur perception du temps étant correcte in vivo, mais en temps-réel, ce serait leur mémoire qui leur jouerait des tours. Il ne s’agirait donc pas de perception à proprement parler, mais de jugement du temps passé à parcourir une distance. Aucune explication claire n’est avancée. Les auteurs précisent que pour interpréter l'effet du voyage de retour, le paradigme expérimental doit être amélioré. D’autant que l'environnement expérimental est différent d'une marche réelle où le participant serait en pleine activité physique. D'après les études, peu d'études analysent d’ailleurs à quel point l'activité physique peut moduler la perception du temps.