Pourquoi le sexe fait-il rire ?

Pourquoi tant de blagues reposent-elles sur une allusion à la sexualité ? Elles permettent de libérer les pulsions en prenant les convenances à rebrousse-poil, dixit Freud dans Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient (1905). Nos pulsions libidineuses bravent ainsi la censure par des voies détournées, et ça soulage. Peu ou prou, cette explication reste acceptée. Disons que les gauloiseries défoulent davantage que les vacheries sur les belles-mères (ou qu’une conversation sur les aphorismes ontologiques du Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein).

Là où la chose se complique, c’est que le registre graveleux ne fait pas rire tout le monde, ni dans tous les contextes. Concepteur d’un test d’appréciation de l’humour devenu classique en psychologie, le 3WD (3 Witz-Dimensionen Humor Test), le psychologue Willibald Ruch, de l’université de Zurich, remarque que les sujets plutôt conservateurs préfèrent les plaisanteries gaudriolesques classiques, avec une histoire et une chute, tandis que les individus plus rock’n’roll goûtent volontiers les blagues olé olé absurdes : en somme, Patrick Sébastien ou les Monty Python en mode lubrique, il faut choisir. Par ailleurs, très globalement, les Italiens (tiens donc !) paraissent portés sur l’humour grivois, tandis que les Allemands ou les Polonais n’en raffolent guère. Et durant les rapports de séduction, les femmes adorent les hommes drôles… pourvu que leurs saillies ne soient pas trop grasses ni épicées. Woody Allen plutôt que Jean-Marie Bigard, cette fois. Quels matchs !