Pourquoi les enfants jouent ?

Tous les enfants jouent. Mais ont-ils toujours les mêmes jeux ? Comment évoluent ces jeux selon l’âge et le sexe ? Et surtout, pourquoi jouent-ils ? Un tour d’horizon en quelques questions/réponses qui remettent en cause certaines évidences…

1. Qu’est ce que le jeu ?

« Le jeu est le métier de l’enfant » affirmait la pédagogue Maria Montessori. Tous les enfants jouent. Mais, quel est le point commun entre le fait de glisser sur un toboggan, entre la dînette, le cerf volant et la marelle ? Les uns sont des jeux physiques (le toboggan), les autres cérébraux (le jeu d’échecs). Les uns sont individuels (le puzzle), les autres collectifs (cache-cache). Les uns s’adressent aux petits (le hochet), d’autres aux grands (les jeux vidéo). Certains font appel à la performance (la course), d’autres au hasard (les dés). Pour Susanna Millar, le « jeu » est un mot d’usage courant qui perd sa consistance dès lors qu’on veut lui donner une consistance scientifique (1).

On retient habituellement 2 critères pour définir le jeu : sa gratuité (qui le distingue du travail) et la recherche du plaisir (par rapport aux activités dites « sérieuses »). Mais ses critères sont discutables. La « gratuité du jeu » n’est pas si évidente qu’il y paraît. Le garçon qui joue au football avec ses copains ne cesse pas de jouer quand il intègre un club professionnel. Le critère de la « gratuité » du jeu est variable. Dès lors qu’un jeu comporte des récompenses - même si elles sont symboliques – il devient une affaire très sérieuse. Le critère du plaisir est également ambigu. Nombre de jeux d’enfants finissent dans des disputes et des larmes, quand le château de cartes s’écroule, quand il y a un gagnant et un perdant. Beaucoup de jeux exigent de la concentration, un effort physique et ne vont pas sans stress, énervement ou déception. Aucun des critères de définition du jeu n’a vraiment résisté à l’analyse.

Ne faut-il pas aussi intégrer dans les jeux des activités qui s’y apparentent, comme le chant, la lecture, le fait d’écouter une histoire ou de regarder un film ? Faut-il y intégrer les fêtes, les promenades, où même les discussions à bâtons rompus ou l’on rit beaucoup, où l’on se moque ? On peut même aller plus loin dans l’extension du domaine du jeu. Quand l’enfant rêvasse en regardant le ciel, son attention captée par un oiseau qui passe, n’est-il pas aussi en train de jouer ? Selon Brian Sutton-Smith, spécialiste de l’histoire des jeux et des folklores enfantins, la notion de « jeu » n’a pas de grande consistance conceptuelle : il faut le désenclaver de son domaine restrictif habituel et l’élargir à une gamme d’activités intégrant des dimensions ludiques, comme les spectacles ou les fêtes (2).

2. À quoi jouent les enfants ?