Pourquoi rire, c'est trop bon (mais jamais assez)

Il ravit l’esprit, mais pas seulement : le rire évite ou apaise la douleur physiologique ou morale. La science préconise donc un esprit sain dans un corps qui rit !

C’est un phénomène bien étrange que les évènements qui survinrent en Tanzanie en 1962. Ce qui s’est déclenché comme un rire isolé dans un groupe d’une petite vingtaine d’écoliers prit alors des proportions épidémiques. L’hystérie s’est emparée du pays, forçant les autorités à fermer certaines écoles, et à exclure l’origine neurotoxique de ce rire désormais devenu irrépressible et collectif. Mythe ou légende ? Difficile de le dire avec certitude. À l’instar d’autres « comportements curieux » (bâiller, avoir le hoquet…) - comme les nomme le neurobiologiste Robert Provine -, le rire peut en effet s’avérer contagieux. À l’échelle de l’humanité, rappelle-t-il, ce n’est pas un phénomène isolé : « les épidémies de rire, petites et grandes, sont universelles (…) elles ne font que nous rappeler de façon dramatique la puissance infectieuse du rire ; une chose que chacun d’entre nous a pu expérimenter au moins une fois à son échelle. » Contagieux oui, et incontrôlable aussi. C’est cette réaction en chaîne qui poussa, dans les années 1950, les vidéastes américains à insérer des « pistes de rire » pour rythmer leurs shows télévisés. Le rire est aussi cathartique, défensif, et pourtant parfois mystérieux.

Incontrôlable…

Le rire se définit comme une vocalisation humaine instinctive stéréotypée, contagieuse, associée au jeu et à l’humour, ainsi qu’à un potentiel social et émotionnel important. Pensez-y : le rire peut rapprocher des personnes que tout oppose… mais riez au mauvais moment, et cela peut vous causer bien des ennuis ! La « science du rire » permet de comprendre sa substance. Nous savons en premier lieu qu’il est le fruit de notre évolution, tout comme les pleurs, un autre type de vocalisations purement automatiques. Rire et pleurer n’ont ainsi rien à voir avec les circuits cérébraux volontaires de la parole : on ne dit pas ha ha, on ne geint pas sur commande, ou du moins, pas de façon très crédible. Il est d’ailleurs extrêmement difficile d’imiter les caractéristiques acoustiques du rire ou du pleur de façon volontaire.

Nous savons aussi que la structure acoustique du rire est très stéréotypée. En ce sens que le rire de chacun ne serait qu’une forme de « variation autour d’un thème ». Ce qui permet d’identifier pour l’interlocuteur qu’un rire est un rire. Cette stéréotypie serait en partie due aux contraintes de notre appareil phonatoire, dont les muscles se mettraient à décharger en rythme à une fréquence qui correspond parfaitement aux suites de syllabes « ha-ha ».