Lorsqu’une entreprise délocalise une usine, l’opinion publique est choquée par la froideur des arguments économiques avancés et par le peu de cas du devenir des salariés. De même, l’expulsion de sans-papiers afghans ou l’exécution récente d’une femme déficient mentale aux Etats-Unis, bien que légales, soulèvent l’indignation et font polémique. A travers ces exemples se pose une question : les décideurs sont-ils des gens sans cœur, ou bien est-ce le pouvoir qui peut rendre chacun de nous moins humain ?
La déshumanisation peut être définie comme un déni des caractéristiques essentielles d’humanité chez les autres, perçus comme des animaux ou des objets. Or, deux chercheurs ont mis en évidence un lien entre pouvoir et déshumanisation. Pour ce faire, ils ont demandé à des étudiants d’évaluer le pouvoir qu’ils avaient dans leur vie quotidienne, puis de lire un texte concernant une population imaginaire. Les résultats montrent que plus ils estiment avoir d’influence, plus ils ont tendance à déshumaniser cette population en la considérant moins civilisée et plus puérile.